vendredi 14 mars 2008

Grande-Synthe entre gauche, gauche et gauche.



Trois listes se maintiennent au second tour, toutes de gauche. Grande-Synthe, ville champignon née avec Usinor (sidérurgie), serait-elle la ville la plus à gauche de France ?


Possible. La ville a voté à 62% pour Ségolène Royal aux dernières élections présidentielles (21% pour le Front National). Mais la situation, peu commune, s’explique aussi par des luttes personnelles. Les candidats de gauche se disputent violemment, au point que la police s’en mêle.

Tous contre Damien Carême

Damien Carême, le maire socialiste sortant, ne fait pas l’unanimité. Au premier tour, il réalise un score maigre (45% des suffrages mais 25% des inscrits). Ses conseillers municipaux, sur sa gauche, Félix Tertulliani (ex-sidérurgiste à l’accent italien) et Nathalie Desmazière (enseignante), ne le tiennent pas en estime et ne veulent plus avoir à faire à lui : « Carême n’a pas écouté son opposition de gauche. Il est impossible de travailler avec lui, il ne consulte ni l’opposition ni la population : il est autoritariste et manque de transparence » dit Nathalie Desmazière. « Le maire est un socialiste, par opportunisme », ajoute-t-elle.
Damien Carême explique, lui, que cela fait sept ans que les conseils municipaux sont tendus : «Ils se sont opposés à tout mes projets, systématiquement ».
Au premier tour, les deux opposants ont donc choisi de présenter une liste "divers gauche" chacun, « pour ratisser plus large ». L’idée était de soutenir celui qui arriverait en tête au second tour.

Fethi Riah, le trublion

Lundi , c'est la surprise. Félix Tertulliani et Nathalie Desmazières se rencontrent et n’arrivent pas à trouver un point d’entente. Les négociations durent mais n'aboutissent pas. Nathalie Desmazières s’explique : « Je ne pouvais raisonnablement pas m’allier avec Félix, parce qu’il s’est préalablement allié à Fethi Riah (indépendant qui a obtenu 7% au 1er tour), avec qui je ne peux pas m’entendre et qui a souvent tenu des propos très durs contre la gauche ».


Nathalie Desmazières, alliance impossible avec Tertulliani
envoyé par chroniquesdemars


Félix Tertulliani pense que l’objection « Fethi Riah » n'est qu'un prétexte : « Elle voulait la moitié des postes de conseillers, elle voulait le beurre et la fermière, j'ai fait d'immenses concessions en lui proposant le poste de 1ère adjointe mais cela n'a pas suffit… Nathalie diabolise Fethi Riah mais, moi, si on me dit que quelqu’un n’est pas très fréquentable, il me faut des preuves ».


Félix Tertulliani explique sa collaboration avec Fethi Riah
envoyé par chroniquesdemars


Fethi Riah est l'homme controversé, le trouble-fête. Le candidat plutôt de droite (il a failli prendre la carte du Modem) a semé la panique dans l’opposition de gauche.
Ses relations avec Nathalie Desmazières sont aujourd'hui très tendues. Sur ces tracts, la candidate divers gauche rappelle les propos passés de M.Fethi Riah dans son journal Citoyens sans cibles (avril 2007) : «Le Maire comme ses opposants sont à la recherche de leurs quatre petits beurs. Monsieur Félix Tertulliani dit avoir trouvé ses quatre maghrébins. Et cela fait trente ans qu’ils se partagent le gâteau. A quand la fin de la démocratie bananière ». Sur son blog, elle le présente aussi comme « représentant d'une communauté religieuse » et misogyne.
De son côté, Fethi Riah est furieux. Il juge les propos de Nathalie Desmazière diffamatoires, il en parle avec nervosité et hésite à engager des poursuites judiciaires . Il lui a laissé un message sur son répondeur mercredi soir. Tout le monde en parle sur le marché, Nathalie Desmazière aurait déposé une main courante au commissariat, suite à ce coup de fil «violent»: « La seule gagnante de cette élection, c’est la haine », dit-elle.



Aujourd’hui, Nathalie Desmazière est très critiquée par ses adversaires: « C’est un suicide politique », dit Félix Tertulliani. « Contre le maire sortant, elle aurait du nous rejoindre ou se retirer. Elle fait le jeu du maire sortant », dit Fethi Riah. D'autres la félicitent d'être restée cohérente, comme Morgane Railane, le candidat Modem.
Toutes ces divisions font, bien entendu, le bonheur du maire.

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